J’ai passé quelques jours à Saint-Pétersbourg en mode « touriste
de bus ». Vous savez ce genre de voyages où vous êtes emmenés par un bus,
et où à chaque arrêt vous avez 20 minutes pour prendre autant de photos que
possible. Après il est temps de remonter et de repartir jusque la prochaine
étape. Si vous avez la chance de vous arrêter dans un musée intéressant, il
faut suivre un guide qui doit déblatérer son speech en moins d’une heure,
histoire que vous ne perdiez pas trop de temps et ne soyez pas en retard au
prochain rendez-vous. Heureusement, j’ai pu m’échapper quelques heures de ce
mauvais plan.
Entre les visites en quatrième vitesse de l’Ermitage, de la
Forteresse de Pierre et Paul, du Palais de Catherine, des principales
cathédrales de la ville, qui auraient pu être bien plus intéressantes en y prenant
le temps, on a décidé d’aller faire un tour du côté du musée de l’artillerie.
Pourquoi ? Il s’agit d’une bonne question. Il ne nous a été renseigné par
personne, pour moi ça lui donne déjà un bon point, mais je crois surtout qu’on
a été attiré par l’éventail militaire qu’on peut observer depuis l’extérieur.
Une fois à l’intérieur, comme presque toujours en Russie, l’aventure commence
au moment de tenter de communiquer ou de comprendre quel prix on devra s’acquitter
pour entrer. En effet, dans ce beau pays, quasiment personne ne manie la langue
de Shakespeare ni même ne la baragouine. Ou du moins pas en présence de
touristes étrangers. Et comme dans cet endroit peu « in », tout était
écrit en russe, cela ne facilitait pas la compréhension. Heureusement pour
nous, une Lituanienne nous accompagnait. Venant d’un pays balte, elle a dû
étudier la langue russe à l’école secondaire, héritage d’un passé commun pas si
lointain. Elle est parvenue à nous avoir une réduction avec nos cartes d’étudiants
finlandaises.
Déambuler dans un musée où les seuls rares écriteaux se
trouvent être écrits en cyrillique lorsqu’on ne maitrise pas ce même alphabet,
ce n’est guère pratique. Néanmoins les premières salles du musée ne requéraient
pas trop de compréhension. De l’artillerie
lourde, des armes, des armures, des épées, et ce datant des guerres
napoléoniennes jusqu’au début de la seconde guerre mondiale. En nous rendant à
l’étage, c’est là que nous découvrons la partie la plus intéressante du musée.
Toutes les pièces sont décorées par de grands drapeaux rouges où les lettres
CCCP sont floquées dans des dimensions impressionnantes. Des portraits et des
statues des plus grandes figures soviétiques ornent les murs de la pièce, avec
au milieu l’étalage de l’arsenal militaire disponible à l’époque. Et là, je m’interroge.
En y réfléchissant, quel genre de Russes, puisque nous étions les seuls
étrangers présents, viendraient visiter un tel musée ? En regardant autour
de moi, je suis pris de doutes. Quelques vieux hommes autour de la septantaine
portant des vestes militaires, un jeune papa au crane rasé expliquant enthousiasmant
certaines choses à son fils d’une demi-douzaine d’années juste en face de
vitrines exhibant des armes et le portrait de Staline. La gène me vient
directement à l’esprit. Comment suis-je censé vivre cette partie du musée, et
comment les autres visiteurs la vivent-ils ? S’agit-il d’un sanctuaire où
les anciens et les nostalgiques se viennent rappeler de la bonne époque ?
Ou plus innocemment, d’un simple musée ayant pour but de retracer l’histoire
militaire du pays.
Il y avait au moins une chose en français dans le musée |
En passant la porte suivante, mes interrogations persistent.
On rentre dans plusieurs salles consécutives uniquement dédiées à Mikhaïl
Kalachnikov. Le célèbre inventeur du AK-47 apparait sur une grosse centaine de
clichés au côté de personnalités importantes, puis une cinquantaine de modèles
différents de son fusil d’assaut sont présentés. Ensuite, une table, autour de
laquelle 4 ou 5 enfants âgés d’à peine 10 ans jouent, attire mon regard. Ces « êtres
innocents » se passent quelques chose de main en main. À y regarder de
plus près, il s’agit d’une Kalachnikov. Mieux, dans un esprit sans doute
didactique, le but du jeu constitue à démonter et remonter l’arme. Et à 10 ans,
ces petits Russes sont capables de le faire à une vitesse phénoménale tout en
rigolant comme s’il s’agissait de Lego. De quoi me laisser sceptique et songeur.
N.B : Vous pouvez retrouver toutes mes photos, dont
celle de mon voyage à Saint-Pétersbourg, dans la rubrique Galerie Photos. J’ai
malheureusement eu un problème avec mon appareil photo sur place donc certaines
ont été prises avec mon téléphone portable. Je m’excuse pour la qualité de
celles-ci. Je tiens aussi à remercier Maxime, dont vous pouvez retrouver le
blog ici (http://www.annee-lapone.net/),
pour ses précieux conseils techniques.
Je te retrouve bien là « On a décidé d’aller faire un tour du côté du musée de l’artillerie. Pourquoi ? Il s’agit d’une bonne question. Il ne nous a été renseigné par personne, pour moi ça lui donne déjà un bon point » C’est tout toi ca :D
RépondreSupprimerEncore une fois, Tom, ton style d’écriture plaira.
Par ce court article, tu arrives à nous amener dans un endroit, en ce qui me concerne, totalement inconnu. Tu trouves les mots justes pour faire ressentir l’ambiance à laquelle tu as dû assister et tu nous fais découvrir un « autre monde ».
Toutefois, je suppose que tu te doutais un peu que dans un pays toujours relativement peu ouvert sur certains sujets, notamment sur son passé peu glorieux, tu trouverais certains « personnages » se remémorant les souvenirs d’une Russie forte, de plus à St Pétersbourg.